Marie-Magdeleine DAVY n’arrêtait pas de répéter
que les Béguines étaient « L’histoire retrouvée
de la chrétienneté féminine, ou le Réveil de
la Belle au Bois Dormant ».
Que voulait-elle dire par là ?
Qui étaient donc ces Béguines pour qu’on en parle encore
800 ans après ?
Une étape importante dans l’histoire de l’humanité,
une assomption de la féminité vers Dieu et en retour une théophanie
de l’Amour pour toute l’humanité.
Il est sûr que le mouvement des Béguines a été
un apport considérable et l’on mesure mieux son importance
actuellement avec la libération des femmes et la parité.
On a cru en effet pendant longtemps que le masculin avait un accès
privilégié au Divin, mais ce n’était qu’un
effet de perspective. Les hommes en parlaient plus et surtout ils écrivaient
plus. Ils avaient même l’exclusivité d’accès
à l’écriture et aux Ecritures. Par là ils se
sont réservé la cléricature en se prétendant
plus purs et plus disponibles. « Hors de l’Eglise pas de salut
», mais surtout l’intermédiaire obligé entre nous
et Dieu était masculin en exclusion des femmes. Les prêtres
et les moines gardaient l’exclusivité des langues sacrées
: latin, grec, hébreu. Les femmes devaient être soumises, selon
ce que prescrivait longuement Saint Paul. Elles étaient donc surveillées
et tenues à l’écart. En particulier apprendre à
lire et à écrire, puis apprendre le latin était rendu
difficile, bien peu de femmes y parvenaient. Leur dévotion n’en
était pas moindre, mais elle ne pouvait pas se pérenniser
par des écrits. En règle générale, les expériences
spirituelles et mystiques des femmes ne filtraient que pendant les confessions.
Beaucoup de confesseurs ne leur accordait qu’une oreille distraite,
sinon méfiante. De façon exceptionnelle de temps en temps,
un confesseur se laissait émouvoir par une confession et prenait
des notes écrites, ainsi ce qui nous est parvenu n’a pas été
écrit par une Béguine, mais par son confesseur en son nom.
L’HISTOIRE
Au XIIème siècle dans les Flandres, il y avait plus de femmes
que d’hommes. On ne sait pas exactement pourquoi. Les guerres, les
marins, les Croisades, l’émigration des soldats, les maladies
… ? Le fait est qu’il y avait beaucoup de veuves et de filles
qu’on ne pouvait pas marier. Elles ne pouvaient pas non plus devenir
religieuses, car il leur fallait une dot pour payer leurs frais à
vie.
Pour éviter qu’elles ne deviennent mendiantes ou prostituées,
s’est inventé le Béguinage, sorte de couvent laïc.
C’est d’abord un lieu de regroupement d’habitat ; autour
d’une cour se sont construits des cellules ou petites maisons. C’est
aussi une unité de production car ces femmes vivent de leur travail
(fileuse, tisseuse, tapisseries, brodeuses, couturières, vannerie,
cuisinières, plus souvent une école et un hospice …).
Ces femmes sont vêtues fort simplement d’un béguin ou
bonnet et d’une « kemise de sak » et pour sortir d’une
houppelande à capuche. Elles mènent une vie semi-religieuse,
car elle ne sont pas consacrées et ne prononcent pas de vœux.
Elles sont plus libres que les religieuses et peuvent voyager de béguinage
en béguinage, certaines sont errantes. Mais elles sont surveillées
par l’Eglise, qui leur nomme des confesseurs et des chapelains, avec
une chapelle lorsque le béguinage est assez grand.
Le mouvement est lié à la sortie de la société
féodale, fondée sur le pouvoir des seigneurs qui offrent dans
leur château une protection contre les envahisseurs, avec leur code
de l’honneur et leur imbrication entre un suzerain et des vassaux.
Avec la diminution des invasions, une prospérité s’étend
: les Flandres sont une zone riche avec la production de chanvre et de lin,
donnant du travail aux cardeurs, fileuses, tisserands … Le commerce
se développe et la bourgeoisie s’installe. En échappant
au servage des seigneurs, partout naissent les villes nouvelles : Castenau,
Neuchatel, Bastides …
Strasbourg à l’époque était une ville de 15.000
habitants avec 60 béguinages et 7 couvents de Dominicains, qui en
1287 ont été saccagés par les strasbourgeois sous l’accusation
de captations d’héritages. En 1321 le Pape évalue les
Béguines au nombre de 200.000.
C’est dans ce milieu nouveau, plus libre et qui échappe au
contrôle des hommes (seigneurs, maris, curés …) que va
s’élaborer une pensée neuve et originale dont l’importance
a été sous-estimée pendant trop longtemps. Ces femmes
ignoraient le latin, la langue officielle de l’Eglise et officieuse
de l’Europe, elles parlent le bas-allemand, le vieux néerlandais
ou le Brabançon. C’est dans la langue du peuple qu’elles
doivent s’expliquer et inventer leurs concepts nouveaux.
Il y a parmi elles une protestation des valeurs féminines : le cœur,
l’expérience, la solidarité … Dans ce premier
mouvement féministe, on pressent tout ce qui va s’exprimer
avec le protestantisme. Les théologiens enseignants et inquisiteurs
sont, pour elles, «enlacés par les liens subtils des vaines
disputes, ils ont un cœur vide et une bouche qui n’est qu’un
sac à bruit ».
LA MYSTIQUE
« Ce reflux des Personnes, englouties dans l’unité
de l’essence, présenté par les béguines se retrouve
chez les Rhénans » écrit Marie-Magdeleine Davy (Noces,
p.141).
En fait tout est parti d’Occitanie deux ou trois générations
auparavant. Là aussi dans un milieu privilégié et beaucoup
moins contraint les femmes ont pu inventer la notion de Pur Amour (Fin Amor),
avec les Troubadours. Sous l’impulsion d’une femme exceptionnelle
Aliénor d’Aquitaine, s’est inventé un doux style
nouveau (Dolce Styl nuevo) avec une poésie de la nature et de l’amour
dans des Cours d’Amour d’Odalasie d’Avignon, Stéphanie
des Baux, Ermengarde de Narbonne, Esclarmonde de Foix … Mais tout
cet amour est resté humain, très humain.
Et c’est plus tard après l’extermination des Cathares,
que le mouvement va passer des femmes d’Occitanie à celles
des Flandres qui vont réussir la transposition vers le divin. Ainsi
elles vont pouvoir accéder à la plus haute mystique et découvrir
ce qu’est vraiment l’amour. Elle vont devoir creuser les notions
et mettre au point tout ce qui par la suite va être repris par les
mystiques hommes, en particulier les Rhénans dont parle Marie-Magdeleine
Davy.
La mystique désigne ici, non ce qui est relatif aux mystères,
mais le dialogue amoureux de l’âme et de Dieu. Et l’on
considère à cette époque qu’il y a deux mystiques
: celle du mariage et celle de l’essence. La mystique nuptiale (Minne
mystik ou Braut mystik) s’origine dans le Cantique des Cantiques de
la Bible hébraïque. Il a été réétudié
au XIIème siècle par Saint Bernard et Guillaume de Saint-Thierry
qui ont écrit en latin des Commentaires et des Sermons, traduits
en français par Marie-Magdeleine Davy. Il s’agit des dialogues
entre l’âme et Dieu : l’âme humaine apprend peu
à peu à aimer et à aimer vraiment, puis elle s’offre
totalement et enfin elle rend à Dieu ce qui est à Dieu (c’est-à-dire
tout). Ce thème du mariage avec Jésus sera repris de la communauté
de Hefta par bien des mystiques dont Thérèse d’Avila.
« Inspirée par la mystique conjugale de Bernard de Clairvaux,
et aussi par les Victorins, la béguine retient le thème de
l’épouse devenue féconde. Cette théorie sera
reprise plus tard avec le symbole du Puer aeternus » selon Marie-Magdelein
Davy (Tout est noces p. 113)
La mystique spéculative ou mystique de l’Etre ou de l’Essence
(Wesen Mystik) s’origine dans la théologie mystique de Denys
l’Aéropagite (+500). Elle a été développée
au XIIème siècle par l’école de Saint-Victor.
Pour exprimer l’absolu, il convient de dépasser les mots vers
les idées, les idées vers les images, les images vers l’indicible,
l’insaisissable et l’incommunicable. Maître Eckhart en
parlera tellement qu’on lui en attribuera la paternité.
« Avec les béguines, il s’agit toujours d’une expérience
et non d’un savoir mental pouvant passer dans un discours ou encore
s’exprimer à travers l’écriture. L’expérience
anime l’existence et la transforme. Elle devient un facteur de transfiguration
après avoir éveillé les sens intérieurs et en
particulier l’ouïe et le regard contemplatif » (L’amour
transpersonnel p. 41) selon cette découverte de Marie-Magdeleine
Davy, tout est là : l’expérience précède
la pensée, comme l’essence précède l’existence.
A partir de leur expérience vécue (et parfois très
chèrement payée) les Béguines vont littéralement
inventer ce qui va se répéter pendant des siècles.
Voici quelques notions nouvelles : - « rendre l’amour à
l’amour ». Un jour une découverte se fait : ce n’est
pas nous qui avons aimé la première, Dieu nous a aimé
d’abord et il continue dans un amour parfait qui attend avec patience.
Si donc nous n’avons pas la priorité, nous ne donnons rien,
nous ne faisons que rendre. Et quand l’on saisit ce qu’est l’amour,
on comprend bien qu’il n’y a aucune cause ou raison, si ce n’est
de rendre notre amour humain à l’Amour infini divin. (Béatrice
de Nazareth).
- « sans nul pourquoi ». Lorsque Angélus Silésius
écrit : « La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu’elle
fleurit », ce n’est pas lui qui l’a inventé, la
formule se retrouve au siècle précédent chez bien des
béguines, dont « Les 7 manières d’amour »
de Béatrice de Nazareth. L’amour, l’amour véritable,
est gratuit et désintéressé, il se diffuse sans nul
pourquoi et elle aime « sans pourquoi, sans récompense de grâce
ou de gloire » (p.235). Vivre sans pourquoi, c’est coïncider
avec le flux de l’existence.
- « nient vouloir. Niht, niet ». Ne rien vouloir est la condition
indispensable : remplacer sa volonté propre par la volonté
de Dieu, ne rien faire qui ne soit sa volonté, ne rien désirer
des créatures et des choses finies, annihiler la volonté individuelle
(ce que le Transpersonnel appelle l’égo). C’est la docte
ignorance qui permet à Hadewijch d’Anvers d’atteindre
« le Néant divin, ce Néant pur et nu »
- « le dépassement et le surpassement. Overvaert ou überfall».
L’amour ne peut demeurer stable, il se résorberait ; il doit
sans cesse se dépasser. Il faut aussi se dépasser soi-même
et renoncer aux créatures pour tout retrouver dans le créateur.
Il faut se perdre pour se trouver, quitter le « moi » pour aller
vers « lui ». Même en Dieu il y a un dépassement
de sa manifestation en son fond, de ses personnes en son essence. Il y a
en Dieu un dépassement du nom vers un ineffable, vers une approche
du mystère abyssal.
- « le fond de l’âme. Grund ». Quand Maître
Eckhart écrit : « Au fond de l’âme, le Fond de
Dieu et le fond de l’âme sont un seul et même fond. L’âme
et Dieu sont identiques en leur fond », il n’a rien inventé.
Deux siècles auparavant Hadewijch d’Anvers avait déjà
écrit : « L’âme est un abîme sans fond en
qui Dieu se suffit à lui-même, trouvant en elle en tout instant
sa plénitude, tandis que pareillement elle se suffit en lui. Dieu
pour l’âme est la voie de la liberté, vers ce fond de
l’être divin que rien ne peut toucher, sinon le fond de l’âme.
». Là se trouve la première innovation des Béguines
: la possibilité de trouver Dieu dans son âme, directement
et sans intermédiaire (des hommes, de l’église, des
sacrements). Au sommet de la vision, l’âme devient Dieu. Le
« Dieu en Dieu » de Maître Eckhart est précédé
par le « Dieu avec Dieu » d’Hidegarde de Bingen. Mais
là se trouve aussi le gros problème théologique et
selon la subtile distinction de Guillaume de Saint-Thierry : « l’homme
devenant par grâce ce que Dieu est par sa nature ».
- « la Divinité. Gottheit ». Les théologiens hommes
ont enseigné qu’il y avait trois personnes en Dieu, toutes
de sexe masculin : le Père, le Fils et le Paraclet. Les Béguines
et les femmes mystiques ont vécu par l’expérience mystique
le dépassement des personnes dans un Transpersonnel : l’Essence
de Dieu ou Divinité. Ce thème de tous les Rhénans est
déjà chez Hildegarde de Bingen devenue l’ombre de la
Lumière vivante. « Le ciel suprême est interdit aux âmes
qui n’ont pas été mères de Dieu » Hadewijch
d’Anvers.
- et il y a encore chez elles bien d’autres notions « Sehnsucht,
la nostalgie », « niht, le rien, le désert, le néant
», « la rage d’amour, orewoet », « le loin-près
» …
LES BEGUINES
Nous ne parlons que des béguines sur lesquelles nous avons des
écrits. Ces écrits sont souvent des textes ou rapports rédigés
par leur confesseur, bien peu de femmes savaient écrire à
cette époque. Ce n’est que récemment que ces textes
ont été découverts, publiés puis traduits dans
des langues contemporaines.
Les femmes les plus célèbres dont nous avons des textes sont
au nombre de sept. Voici les premières indications avec un florilège
de leurs pensées et maximes qui peuvent toujours nous aider.
1. Hildegarde de Bingen (1099-1179) est la précurseur qui un jour
a su écrire en latin sans l’avoir appris. Elle a été
l’abbesse d’un monastère, visitée par des Papes,
rois et empereurs. Elle a écrit plusieurs livres, 300 lettres, 77
chansons, etc.
Etrangère, dans un monde étranger,
Je t’implore du fond de ma détresse.
Mon âme brûle comme environnée de flammes.
La Verdeur, force éruptive de la grâce printanière.
2. Mathilde de Magdebourg (1207-1282) est une béguine qui a fini
sa vie au monastère de Hefta et dont on a retrouvé un manuscrit
du XIVème siècle en langue alémanique : « La
lumière ruisselante de la divinité » (Das flissende
Licht des Gottheit ).
Couvres-moi du manteau de ton long désir.
La Divinité infinie attire à elle l’âme sans fond,
S’unissant à elle comme le vin à l’eau.
Celle qui meurt d’amour, il faut l’enterrer en Dieu.
Au centre il y a le vide de ce qui ruisselle.
3. Sainte Gertrude de Hefta (1256-1302) a écrit en latin «
Les exercices spirituels » et « Le héraut de l’amour
de Dieu ».
Tu es l’abîme débordant de la Divinité,
Mon cœur est dissous par l’ardeur de ton amour.
4. Sainte Mechtilde de Hackeborn (1224-1299) a écrit au monastère
de Hefta « Le livre de la grâce extraordinaire ».
Complètement ravie en Dieu,
Comme une goutte de vin versée dans l’eau se transforme en
eau,
Dans cette union en lui l’âme s’anéantit.
Elle reçut tellement d’amour
Qu’il lui semblait qu’il jaillissait de tous ses membres.
5. Béatrice de Nazareth (1200-1268) béguine, devenue prieure
du couvent de Nazareth. Son confesseur a écrit en dialecte brabançon
« Les sept manières d’amour ».
Rendre amour à l’Amour, sans nul pourquoi.
Tant qu’on n’a pas tout donné, on n’a rien donné.
Comme une morte-vivante, dans cet enfer, ici.
6. Hadewijch d’Anvers (1180-1240) maîtresse de béguines.
Quatre de ses manuscrits ont retrouvés en 1895 par le poète
Maeterlinck, dont le merveilleux « Amour est tout ».
Quiconque erre loin des sentiers de l’Amour
Est plus lamentable qu’un mort.
Certains sont aveugles et tremblent d’aimer,
Ils ignorent le goût de l’Amour.
L’Amour, où est-il donc ?
Là-bas, ici, que sais-je ?
Libre, où il lui plaît, sans entrave.
Quiconque aspire à un amour vrai et pur
Passe par plus d’une mort.
7. Marguerite Porète (1260-1310) béguine clergeresse de
Valenciennes a écrit « Le miroir des âmes simples et
anéanties » (en Dieu) pour lequel elle a été
brûlée vive place aux Pourceaux à Paris le 1er juin
1310. Un dernier exemplaire a été retrouvé caché
sous une autre reliure lors du déménagement du monastère
du Mont Cassin en 1945.
Ne rien savoir, ne rien vouloir, ne rien avoir.
Cette âme voit sa propre lumière
Au point sublime où se fait l’union
Aussi se plaît-elle au plaisir de Celui
Auquel elle est unie.
Je fus avant de sortir de Dieu
Aussi nue que lui est, lui qui est,
Oui, aussi nue que j’étais lorsque j’étais
Celui qui n’était pas.
Mais nous savons qu’il a existé des dizaines de saintes et
de mystiques, dont les manuscrits n’ont pas encore été
retrouvés :
Elisabeth de Schönau (1129-1165), Marie d’Oignies +1213, Odile
de Liège 1220, Ide de Nivelles +1231, Marguerite d’Ypres +1237,
Sainte Lutgarde d’Aywières +1246, Ide de Louvain +1250, Julienne
de Cornillon +1258, Christine de Stommeln +1312, Sainte Christine de St-Trond,
Aleydis, Christine de Belgique Christina mirabilis +1325, Sainte Lydvine
de Schiedam (1380-1433) …
Puisse ceci contribuer à prolonger le travail si important de Marie-Madeleine DAVY revivant en sa vie et en son âme toute l’épopée des Béguines, dont notre monde a actuellement tellement besoin.
BIBLIOGRAPHIE
Depuis peu nous disposons de diverses traductions françaises :
Epiney-Burgard et Zum Brunn, Femmes troubadours de dieu, éd. Brépols,
1988
Hadewijch d’Anvers, Amour est tout, éd. Téqui, 1984
Hadewijch d’Anvers, Visions, éd. OEIL, 1987, collection dirigée
par M-M. Davy
Hadewijch d’Anvers, Ecrits mystiques des Béguines, éd.
Seuil, 1954 (Sagesses)
Hildegarde de Bingen, Les causes et les remèdes, éd. Jérôme
Millon, 2001
Hildegarde de Bingen, Le livre des subtilités des créatures
divines, éd. J. Millon, 2001
Journé Nicolas, Prier avec sainte Gertrude de Hefta, éd. Saint-Paul,
2002
Mechthild de Magdebourg, La lumière fluente de la divinité,
éd. Jérôme Millon, 2001
Pernoud Régine, Hildegarde de Bingen, éd. Du Rocher, 1994
Porète Marguerite, Le miroir des âmes simples et anéanties,
Albin Michel, 1997 (poche)