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DESCAMPS
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Spiritualité - Robert
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leçons de sagesse - JEANNE
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- L'escalier
des valeurs
- Marc-Alain DESCAMPS
- De
le nécessaire urgence d'une Recherche Intérieure
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-
De
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- Dr. B. PERNEL
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Variété
des expériences Transpersonnelles
- Lucien ALFILLE
- Exercices
de conscience
- Colette ALBRECHT
-
Corps,
émotions et méditation - Dr
Jacques VIGNE
ARTICLES D'ACTUALITÉ - Janvier
2008
-
PERSONNEL,
IMPERSONNEL ET TRANSPERSONNEL
chez Jacques VIGNE -
Marc Alain Descamps
-
POUR
ECHAPPER A LA VIOLENCE -
V. Trémintin
L'ESCALIER
DES VALEURS
Par
Marc-Alain DESCAMPS

L’escalier des Valeurs intègre
le triangle des besoins de Maslow ; il est double et symétrique
et se lit donc en montant et en descendant. Nous distinguons
cinq valeurs montantes, la valeur suprême et cinq valeurs
descendantes, qui sont en fait des anti-valeurs.
1. Les valeurs physiologiques.
La vie commence par les valeurs de la vie, les valeurs vitales,
indispensables pour vivre. Après réflexion et
étude, elles sont finalement peu nombreuses et réduites.
Mais on commence toujours par elles et on est en droit de
les exiger. Pour vivre on a besoin de respirer, manger, boire
et dormir. C’est à peu près tout.
2. Les valeurs de sécurité.
Tout être humain a droit à l’intégrité
de son corps (pas de meurtre, de torture, de coups, de viols
…). C’est l’Habeas corpus, contre l’emprisonnement
arbitraire, accordant la protection de la loi même en
prison et la protection d’un abri sur pour dormir et
vivre en paix.
3. Les valeurs d’affiliation.
L’homme est un animal grégaire, qui est fait
pour vivre en groupe, un « zoon politikon », un
animal qui vit en cités. L’antique malédiction
Vaae solis, malheur à ceux qui sont seuls, ils finiront
SDF, clochard sans domicile. D’ailleurs littéralement
un être humain ne peut pas vivre seul, sans l’aide
des autres. L’on peut en sus préciser que l’affiliation
ne suffit pas, que l’on recherche en plus une intégration
et une reconnaissance.
4. Les valeurs d’estime.
Tout le monde a besoin d’estime, nul ne peut vivre continuellement
dans le mépris (sauf les masos). Mais l’estime
est double, il y a l’estime de soi et l’estime
reçue des autres. Il est difficile de vivre sans l’estime
des autres : celle de ses parents, de ses enfants, de ses
supérieurs, de ses collègues de travail, de
ses voisins et de ses amis … Tout le monde est avide
de reconnaissance et de signes extérieurs (médailles,
décorations, titres …). Et il n’est pas
facile de garder l’estime de soi dans l’indifférence
ou le mépris des autres.
5. Les valeurs de réalisation
de soi. Tout être tend à persévérer
dans son être, tout être veut se développer,
s’épanouir dans toutes ses dimensions, réaliser
toutes ses possibilités. Actuellement on pense aussi
à la réalisation psychologique par le «
développement personnel ». Mais tout cela est
encore très intéressé, avec un but égoïste.
Pire, certains veulent acquérir des super-pouvoirs
en rêvant à la parapsychologie, au paranormal,
à l’occultisme et demandent des « sorties
hors du cops, voyages astral, guérissage, vies antérieures,
régressions, transgressions … ».
6. Les valeurs de dépassement.
Dépassement est désintéressement, ce
qui est gratuit, don généreux, sacrifice. Cela
est nouveau, on ne l’avait pas encore rencontré
: on vient de dépasser le niveau égoïste
pour atteindre le niveau transpersonnel. On échappe
à l’égoïsme originel, comme par la
sublimation dans l’Art. Ce sixième niveau, celui
des valeurs de dépassement, mène l’homme
vers le dépassement de lui-même, vers le sacrifice
et le dévouement, vers l’action gratuite et désintéressée.
Aller au delà de soi, se dévouer pour quelque
chose qui dépasse l’homme, croire en un espoir,
un idéal, une Transcendance : tout cela permet de servir
à quelque chose et d’être utile. C’est
cette mutation qui hausse l’homme au dessus de lui-même
qui lui permet d’ajouter aux acquis de la civilisation
et de remplir le but de l’espèce humaine sur
la terre : s’éloigner de la bestialité
et aller vers un transhumain. Le dévouement aux Valeurs
donne son sens à la vie humaine.
Si l’on n’arrive pas
à passer du développement personnel au Transpersonnel,
on rate la réalisation suprême et l’on
va redescendre en sens inverse ce que l’on vient de
réaliser pas à pas. La racine des échecs
dans la vie est l’égoïsme et le refus du
sublime. C’est la dégringolade. L’on chute
de tout ce qui a été acquis précédemment.
Et donc nous redescendons l’escalier marche par marche.
7. Les valeurs secondaires. Si
l’accès au sixième niveau a été
raté, la désespérance s’installe,
car l’on sait que quelque chose d’essentiel a
été perdu. On chute alors dans les valeurs secondaires,
qui sont celles de l’avoir et non pas de l’Etre.
On cherche la réussite, on veut réussir sa vie.
Et la réussite c’est quoi ? Avoir la T.V., un
chien, une auto, une femme et des enfants, une belle maison
avec un jardin, une résidence secondaire avec piscine,
un bateau, son hélicoptère ou son avion privé,
etc. Etc. parce que c’est sans fin et sans limite, "
toujours plus ", avoir un appartement dans chaque ville
avec les plus belles filles qui vous attendent, son journal,
ses avocats et conseillers financiers, sa chaîne de
télé, sa banque, sa multinationale, sa fondation
humanitaire et son musée … De toute manière
on ne s’accroche à ces biens périssables
que faute de pouvoir accéder aux impérissables.
On ne chute dans l’accumulation des avoirs que faute
d’Etre.
8. Les valeurs de l’oubli.
Un échec de plus et l’on se retrouve dans les
valeurs de l’oubli. Ce qu’il faut c’est
s’étourdir et oublier. Ceci se camoufle assez
souvent sous le désir de plaisir, de jouir, d’en
profiter. Il faut user et abuser de tous les plaisirs en niant
absolument que cela puisse entraîner une dépendance.
Le cas le plus typique est celui des drogués. Ils peuvent
présenter leur utilisation des drogues comme une exploration
des états intérieures, dans la réalité
leur égoïsme est forcené, Il en est de
même pour les joueurs de tous acabits et l’alcoolique
a toujours une souffrance à oublier. Dans une psychothérapie,
rien ne peut être obtenu tant qu’on a pas agi
sur la perte, la honte, l’égoïsme et rendu
à la personne l’idéal dont elle s’estime
indigne.
9. Les valeurs de la solitude et
de l’absurde. Un degré de moins et l’on
descend de l’oubli dans le désespoir. C’est
l’état d’une vie qui n’a pas de sens,
d’une vie absurde, inutile. Cette apologie de l’absurde
et du non-sens a été très à la
mode à l’époque de Sartre et des caves
de Saint-Germain-des-Prés à la Libération.
Cette glorification du désespoir ne pouvait mener qu’à
la Nausée sartrienne. Faire l’expérience
de la solitude vient souvent de ce que l’on s’est
coupé de tout et de tous. C’est ce qui conduit
à se marginaliser l’individu qui n’a pas
pu adhérer aux valeurs du groupe et qui s’est
mis à part tout seul. Devant l’horreur de ce
qu’ils étaient en train de réaliser ou
de ce qui allait s’installer, certains se sont séparés,
étrangers dans l’étrange (aliénus),
aliéné et fou. Combien ont préféré
s’absenter et entrer dans le vide de la folie, la plus
absolue solitude. On est là dans le contraire exact
des valeurs d’affiliation et d’intégration,
personne ne peut avoir raison tout seul et personne ne peut
vivre seul.
10. Les valeurs destructives. Par
contre il est possible de tomber encore plus bas, au lieu
d’être inutile, on peut devenir un nuisible. Ces
valeurs négatives sont celles de la délinquance,
qui cherche à organiser une anti-société.
Mais certains dans le désespoir le plus total ne respectent
rien et veulent simplement qu’on les laisse tranquillement
tout casser et tout détruire. Un autre degré
est celui des criminels, les assassins, les sadiques, les
violeurs, les pédophiles et les tortionnaires …
Nous sommes là dans le contraire complet du besoin
sécuritaire, ces êtres dangereux ne respectent
rien. Pire sont les terroristes, car ils se drapent dans une
apparence de légitimité désintéressée.
11. Les valeurs de mort. Le cycle
est bouclé avec le contraire des valeurs de vie. Tout
le monde a faim et réclame à manger sauf l’anorexique,
qui vit la faim comme le plaisir suprême. Il est vrai
que l’anorexie est une conduite suicidaire inconsciente.
Dans le suicide la pulsion de mort est à son comble
et la plus grande agressivité possible est retournée
contre soi, dans le désespoir. C’est le néant
et l’auto-destruction, on ne croit plus à rien,
sinon stopper la douleur et le désespoir.
Les Valeurs du XXIème siècle
Les nouvelles valeurs du XXIème
siècle et du Troisième Millénaire se
préparent déjà avec la seconde Renaissance
à laquelle nous participons. Les deux premiers tiers
de ce siècle ont été, à la suite
des précédents, marqués par le matérialisme
scientifique et ses conséquences : l'impérialisme
économique, les violences et les guerres destructrices.
La science s'est lentement construite avec les dogmes de la
seule quantification par Galilée, du mécanisme
de Descartes et de la physique close de Newton. Le matérialisme
est passé d'une précaution méthodologique
dans l'expérimentation scientifique à une philosophie
niant le rôle de l'esprit et cherchant à construire
le monde à partir du hasard et de la nécessité
(de Darwin à Monod). En expurgeant soigneusement toute
orientation, toute finalité et tout sens, il n'a pu
qu'aboutir à la philosophie de l'absurde de Sartre.
Economiquement il a tout fondé sur l'intérêt
et bâti le monde du profit à tout prix et du
capitalisme égoïste. Même Freud et certains
psychanalystes ont réduit tout l'homme à ce
qu'il y a de plus bas en lui : la sexualité et l'agressivité.
Et ce monde matérialiste trouvait son fleuron dans
la système communiste et son hégémonie
colonialiste qui se répandait de plus en plus. Ce colosse
aux pieds d'argile s'est écroulé brutalement
dans un fiasco généralisé : économique,
écologique, tribal et humain.
La rupture avec cette ancienne
mentalité s'est produite en réalité aux
deux tiers du siècle avec l'année des Hippies
(6 octobre 1966- 7 octobre 1967) dont sont sortis tous les
mouvements de 1968 et le renouveau qui en est résulté.
La faille dans la science avait été créée
par la révolution d'Einstein (théorie de la
relativité 1905), d'Heisenberg (principe d'incertitude
1930) et de Max Planck (théorie des quanta). De nouvelles
théories contre un monde conçu comme formé
d'objets séparés apparaissent soudain : le bootstrap
de Geoffrey Chew (1968), l'ordre impliqué de David
Bohm, la théorie des catastrophes de René Thom,
la théorie holographique du cerveau de Karl Pribram
(1968), les structures dissipatives d'Illya Prigogine (1977),
la théorie du Big-Bang, la causalité morphogénétique
de Rupert Sheldrake, Gaïa, terre vivante de James Lovelock
(1972), les matrices périnatales de Stanislav Grof
(1969)... L'ensemble s'articule selon un nouveau paradigme
scientifique qui, à l'opposé de l'ancien, a
une vision spiritualiste. Le monde, qui n'est pas formé
d'objets matériels séparés, est une structure
énergétique fluide, comme notre corps. Il y
a une unité sous-jacente entre l'homme et l'univers
et une Conscience-Energie est à l'oeuvre dans l'univers.
Tout repose donc sur la Conscience
qui reste encore à étudier. La conscience est
la donnée première de notre esprit qui permet
de se rendre compte et de faire attention. La grande révolution
a été l'apparition dans les années 60
des psychothérapies humanistes et transpersonnelles.
Grâce à elles, il est possible d'échapper
aux conditionnements de sa naissance, de son enfance et de
son éducation. De plus la psychanalyse spiritualiste
permet d'accéder à une dimension intérieure
non encore explorée, celle du sacré ; elle retrouve
les médecines du sacré des peuples primitifs
et les techniques corporelles utilisées pour atteindre
à l'expérience mystique. Tout est maintenant
centré sur le voyage intérieur jusqu'au fond
de soi-même, l'exploration de la méditation et
des expériences d'expansion de conscience et d'Eveil.
L'ensemble offre une nouvelle vision
du monde, de l'homme et de la science. Ainsi se constitue
un Univers où tout est relié. L'homme n'est
plus seul et perdu dans un monde matériel froid, hostile
et absurde. La racine de l'aliénation était
pour nous dans l'opposition de l'âme et du corps et
la haine du corps qui en était résultée.
Tout était lié, le refus de son corps menait
l'homme à l'oppresser et à opprimer également
la nature, les animaux, les femmes, les enfants, les peuples
non-industrialisés, les individus non-économiquement
rentables, etc. Par la réconciliation avec son corps
et l'acceptation de sa nudité, l'homme a pu échapper
à 2.500 ans de honte du corps et de culpabilité.
Et par conséquent en s'acceptant mieux, il a pu admettre
la libération des femmes, la décolonisation,
la reconnaissance des droits des enfants et des animaux, la
protection de la nature et l'écologie... C'est désormais
l'amour de la nature qui remplace l'impérialisme et
la guerre.
La tache la plus urgente du XXIème
siècle nous paraît donc être l'exploration
de la conscience et des états supérieurs du
surconscient. Par là, on découvrira des moyens
encore plus efficaces de libération et de réforme
de sa vie. Freud n'a exploré que l'inconscient et les
procédés psychanalytiques de transformation
des pulsions les plus basses. Il reste à découvrir
toute la psychanalyse des hauteurs. Ses opérations
de sublimation et de métanoïa étaient utilisées
dans les voies traditionnelles de l'Orient : Yoga, Taï-Chi,
Zen, Soufisme, Lamaïsme, Chamanisme... Des techniques
commencent à être reconnues : relaxation, immobilité,
isolation sensorielle, hyperventilation, mantras, mandalas,
chakras, Kundalini, énergie corporelle, expansion de
conscience, pensée positive, visualisation créatrice,
sublimation... Une psychanalyse spiritualiste est en train
de se construire.
Après elles pourront être
appliquées à l'individu, puis aux groupes et
à la société avec les eidolons ou images-forces
collectives, dont le maniement permettra une réforme
globale de l'humanité. Le Holisme fait maintenant comprendre
que rien n'est séparé et indépendant.
Nous sommes en train de nous rendre compte de la constitution
de la psychosphère ; non seulement la terre fonctionne
comme un seul être vivant, mais la pensée humaine
s'est unifiée. Grâce au réseau des communications
ultra-rapides qui s'est établi (TV. fax, ordinateurs)
rien de ce qui est humain ne nous est plus étranger.
Une double pulsion pousse l'humanité, à la fois
vers son unification mondiale et à la fois vers son
enracinement dans le régionalisme.
L'accès au surconscient
se réalise de plus en plus par des expériences
diverses (mystiques, transpersonnelles, dialogue avec l'ange,
Findhorn, rêve lucide, voyages aux confins de la mort,
expériences périnatales...). Elles provoquent
une mutation, une véritable métanoïa. Et
ce passage au niveau du supramental est le parachèvement
de l'évolution, selon ce qu'avaient prévu Aurobindo,
Teilhard de Chardin, Gurdjief, Krisnamurti. Il était
temps, car sinon l'humanité allait se détruire
dans l'horreur d'une troisième guerre mondiale et l'apocalypse
nucléaire.
Les nouvelles valeurs doivent beaucoup
à l'inspiration de la spiritualité et de ses
techniques, remplaçant ou revivifiant les anciennes
religions. Mais elles proviennent aussi des femmes : après
le matriarcat primitif et les civilisations patriarcales,
la nouvelle civilisation sera féminine. Les femmes
sont sorties de la reproduction, dans laquelle on les enfermait,
pour entrer dans la production, l'industrie, la science, l'art,
la culture et la politique. Elles apportent partout de nouvelles
valeurs féminines. D'abord l'amour de la vie : puisqu'elle
la donne et l'engendre longuement, la femme ne peut pas l'ôter
et elle n'est pas un tueur comme l'homme. Partout ce sont
elles qui protestent contre les violences, les tortures et
les guerres. Elles contribueront à un monde fondé
sur la négociation, la diplomatie et la coopération
et non plus sur la guerre. La virilité, c'est la force,
la bagarre, le culte du biceps et la partie de bras de fer
; au contraire, la femme est souple et patiente par nature,
elle sait attendre, biaiser, céder pour revenir au
moment favorable. Ce sont aussi les femmes qui ont inventé
l'amour avec les Cours d'amour en Occitanie et les Béguines
en Flandres au XIIIème siècle et elles l'ont
imposé aux hommes plus intéressés par
la simple sexualité (viol, inceste, harcèlement
sexuel). La spiritualité et la mystique sont aussi
des valeurs féminines, ainsi que l'affectif, l'imaginaire,
le monde des sentiments et la sensibilité à
ce qui n'est pas uniquement rationnel.
Marc Alain DESCAMPS
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