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ARTICLES DE FOND
- Quest-ce
que le Transpersonnel ?
- Histoire
du Transpersonnel - Marc-Alain
DESCAMPS
- Dépasser
l'égo - DURCKHEIM
- La
Spiritualité - Robert
LINSSEN
- L'éveil
- MARIE-MAGDELEINE DAVY
- Les
leçons de sagesse - JEANNE
GUESNE
- L'escalier
des valeurs
- Marc-Alain DESCAMPS
- De
le nécessaire urgence d'une Recherche Intérieure
- Dr. Jacques DONNARS
-
De
la Peur fondamentale qui nous sépare vers la sécurité
- Dr. B. PERNEL
-
Variété
des expériences Transpersonnelles
- Lucien ALFILLE
- Exercices
de conscience
- Colette ALBRECHT
-
Corps,
émotions et méditation - Dr
Jacques VIGNE
ARTICLES D'ACTUALITÉ - Janvier
2008
-
PERSONNEL,
IMPERSONNEL ET TRANSPERSONNEL
chez Jacques VIGNE -
Marc Alain Descamps
-
POUR
ECHAPPER A LA VIOLENCE -
V. Trémintin
L’EVEIL
par Marie-Magdeleine DAVY *
Ce qui est éternel échappe
aux alternances et modifications de l’histoire. Toutefois,
les moyens d’approche ne sont pas identiques et la fine
pointe de l’éveil n’est sans doute jamais
atteinte. On croit pouvoir l’étreindre et elle
recule afin de susciter la poursuite d’une démarche
plus ou moins encombrée par des obstacles divers. Les
carapaces, qu’il convient de traverser pour découvrir
la profondeur secrète du dedans se revêtent de
noms différents suivant les époques. L’éveil
exige un au-delà de la suprême aventure. Celle-ci
exige de partir à la façon d’Abraham sans
savoir ce qu’on pourra déceler.
A travers les pistes du désert
intérieur ou en dehors d’elles, l’éveillé
s’y mouvait en indigène ou en étranger.
Suivant sa propre béance, il abordait “ la perle
d’un grand prix ” avec sa propre nudité
ou avec l’encombrement de son mental et la rigidité
de son égo. En réalité, les chemins présentés
s’avéraient identiques : prière, concentration,
méditation, oraison. Et plus encore, attention continuelle
donnée au jaillissement d’une vie mouvante dont
la splendeur secrète faisait surgir et monter la profondeur
émanant des mystères en attente de se faire
reconnaître.
Peu à peu, la créature
humaine a été coupée de son environnement.
Isolée elle ne pouvait que se robotiser. D’où
l’endormissement de la conscience qui n’évoluait
plus d’une façon naturelle. Certes, le nombre
des techniques se développait, se multipliait, devenant
même encombrantes au point de faire perdre la spontanéité
et la fraîcheur d’un mouvement initial répondant
à sa propre finalité.
La démythisation, le dépouillement
des symboles faisant partie d’une époque nouvelle
peuvent faciliter l’éveil ou au contraire tendre
des pièges sous les pas. Le danger actuel, dont on
ne saurait mésestimer l’importance, provient
le plus souvent d’un savoir erroné, d’une
fausse connaissance, aboutissant à un pseudo éveil.
Le risque actuel est de confondre la psyché et le pneuma
(esprit), la religion de l’âme et celle de l’esprit.
Le fait n’est pas nouveau, il s’avère répétitif.
En dépit des confusions,
certains hommes ont compris que la “ docte ignorance
” l’emportait sur les apparences d’un savoir
qui ne débouche point sur une nouveauté de vie,
entraînant toute l’existence dans une perpétuelle
ascension comportant un détachement de soi-même
de plus en plus total.
Considéré du dehors,
l’éveil peut sembler identique. Mais différentes
sont les techniques permettant d’aborder le lieu insulaire
que tout homme recèle dans le centre de son fond, c’est-à-dire
de son intériorité.
Aujourd’hui, comme hier,
l’ultime danger réside principalement dans la
confusion des niveaux. Le dieu auquel l’âme aspire
est le plus souvent une idole privée de tout rapport
avec la Déité. Au cours des siècles celle-ci
a été déformée, donc défigurée
au point qu’il apparaît difficile d’en évoquer
le mystère.
Si les religions semblent se retirer
actuellement, être abandonnées par la majorité
des hommes, c’est en raison même de ce mélange
de plus en plus épais, camouflant l’essentiel
au profit de l’accessoire.
L’éveil est toujours
un au-delà des techniques et des méthodes. Il
est grâce consentie, acceptée et vécue.
La profondeur est d’ordre
abyssal, et la tragédie consiste dans le “ jeu
”, avec ses facilités, ses masques et ses impostures.
A toutes les époques, des
sages et des saints ont su transcender le temps dans lequel
ils vivaient. Toutefois, ils éprouvaient nécessairement
le poids des données historiques, encombrant les relations
avec les mystères. Par ailleurs le langage s’est
modifié au cours des âges. La modernité
a toujours fait peur à ceux qui s’accrochent
au passé comme à une bouée de sauvetage.
Or, l’éveil exige
une plongée dans l’inconnu. L’originalité
de l’éveil “ actuel ”, on pourrait
dire sa capacité neuve, provient de la nouveauté
de l’homme contemporain. Celui-ci commence à
percevoir la nécessité de son autonomie à
travers ce qu’on lui propose, qu’il s’agisse
des apports de l’Orient et de l’Occident avec
le cortège de leurs diverses traditions. Ce qui est
inconnu de lui provoque son appétit. Il en sera bientôt
rassasié. Tout s’use. L’ignorance de son
propre héritage le projette aussi vers une terre inconnue
(terra incognito). Or, celle-ci n’est pas d’ordre
géographique, elle se trouve au plus profond de l’être.
Avec Joachim de Flore, il convient
de rappeler l’avènement de l’ère
de l’Esprit succédant, tout en les comportant,
aux rôles du Père et du Fils. C’est pourquoi,
à notre époque, l’éveil consiste
dans l’animation de la dimension de l’Esprit dans
l’homme. Cet éveil se situe au-delà des
chemins. L’éveillé n’en fait pas
l’économie mais les dépasse. Les médiations
demeurent opérantes ; elles se situent à un
autre niveau pour devenir efficaces. Une telle réalisation
exige de l’audace. Celle-ci se développe au sein
d’un amour universel et d’une connaissance qui
lui est conjointe.
Ce nouveau type d’éveil
concerne un sommet. Qui peut l’atteindre ? Sinon celui
qui accepte de renoncer à tout ce qui n’est pas
l’essentiel et qui s’inscrivait dans les temps
passés sans pour autant se montrer nécessairement
efficient.
A la fin d’une ère,
lorsque l’ensevelissement des valeurs humaines a succédé
à leurs décès, on peut se demander de
quel éveil il s’agit. Les groupes se multiplient
et chacun veut apprendre à l’autre son propre
ânonnement ;
La “ démangeaison
des ailes ” est remplacée par le besoin d’enseigner
autrui avec une désinformation dont on subit les ravages
sans pouvoir en distinguer les multiples lacets et méandres.
L’exploitation de la crédulité
pour ne pas dire de la bêtise fait recette. Les sectes
connaissent une prolifération imitant celle des rats.
La tiédeur du troupeau apparaît confortable,
elle est endossée à la façon d’un
vêtement protégeant des intempéries.
La solitude apparaît un malheur
qu’il importe de fuir et la crainte engendrée
par la solitude risque de provoquer l’inanité
de l’éveil.
Ne soyons pas pessimistes : l’éveil
a toujours été rare et nombreux ses ersatz.
La publicité ne s’applique
pas seulement aux produits concernant le ménage ; la
mère Denis et ses “ Vedettes ” possèdent
maints imitateurs dans l’ordre spirituel.
Les bourrages de crâne dépassent
le petit écran. Les déstabilisateurs ne se trouvent
pas seulement dans les milieux politiques et sociaux. C’est
pourquoi les imposteurs se répandent à la façon
des “ marchands de sommeil ” dont parlait Alain.
D’où la dérive des éveils.
Cependant, les éveillés
surgissent de l’Orient et de l’Occident. Ils deviennent
des phares éclairant les chemins et leur au-delà.
Ne l’oublions pas. L’éveil se produit avec
son immensité obscure, par excès de lumière,
lorsque les voies tracées sont dépassées
par l’Esprit qui sans les méconnaître les
survole en silence.…
Le Transpersonnel. Pourquoi avoir
peur de la dimension impersonnelle ? Il faut y plonger. On
peut la dire transpersonnelle ou métapersonnelle. L’illumination
dépasse un état personnel. La déité
est au-delà de l’être et de la personne.
La déité est une expérience secrète,
qui ne se partage pas.
* Marie-Magdeleine DAVY,
1903-1998 a été présentée
dans « Rencontres avec douze femmes remarquables »
ainsi que sa longue bibliographie. Elle a toujours été
« une amie fervente » de l’AFT dont elle
a été Membre d’Honneur.
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